mercredi 4 février 2009

De Fortaleza à Praia de Pipa

Pour lire ce post, cette chanson (via Deezer) est appropriée (cliquez sur le lien):

Je quitte Jericoacoara en bus, et passe une nuit à Fortaleza avant de reprendre le vélo !

Enfin ! Ça faisait 1 mois sans vélo ! Il me manquait, et, secrètement, je crois que je lui manquais aussi. La chaîne huilée, les câbles resserrés, et c´est parti ! On the road again !

Je longe la mer sur des kilomètres, une mer d´un bleu turquoise caribéen, même si c´est l´Atlantique !

Un truc que je ne comprends pas, de prime abord: je suis largement sous l´équateur, dans l´hémisphère sud, et pourtant, à midi, le soleil est à ma droite, au sud. Ne devrait-il pas être à ma gauche, au nord ?

Et bien non. C´est l´été austral. La Terre est inclinée pour montrer ses fesses (aka le Pôle Sud) au soleil. Cette inclinaison met l´équateur au dessus du plan solaire. L´équateur "virtuel" (celui qui se trouve dans le plan solaire) est plus au sud. Donc tant que je serai dans cette bande de terre entre le vrai équateur et l´équateur "virtuel", le soleil sera au sud. Quand je dépasserai l´équateur virtuel, le soleil passera enfin au nord, le margoulin !

Un autre phénomène intéressant: à cet endroit du Brésil, je suis plus proche de la Sierra Leone (en Afrique) que du sud du Brésil!

Dans les villages traversés, je dors dans des pousadas d´où je peux entendre la mer en m´endormant, et c´est bien.

Un drôle de compagnon me suit un temps, pour m´aider dans la lecture de la carte:



Infos vélo: de Fortaleza à Morro Branco
Kilomètres du jour: 99, ça commence fort.
Kilomètres cumulés: 3388
Départ: 8h30
Arrivée: 16h00
Temps sur le vélo: 5h30
Temps sur la route: 7h30
Vitesse moyenne: 18 km/h
Vitesse max: 52 km/h


Infos vélo: de Morro Branco à Canoa Quebrada
Kilomètres du jour: 85 km, dont 20 sous la pluie
Kilomètres cumulés: 3473
Départ: 7h15
Arrivée: 12h15
Temps sur le vélo: 4h30
Temps sur la route: 5h00
Vitesse moyenne: 19 km/h
Vitesse max: 40 km/h


Je me repose 2 jours à Canoa Quebrada, dans une pousada avec vue sur la mer, le temps de rencontrer Julia, une américaine dont les parents incarnent le rêve américain: débarqués de Russie en 1980 avec $100 en poche, 15 ans plus tard ils ont fait fortune dans l'immobilier et peuvent même faire vivre leur fille sans travailler. Julia, à 46 ans, ne travaille donc plus, à part ses activités d´activiste politique (il y a du boulot aux US), et passe son temps entre New York, Montréal et le reste du monde.

Dans la même pousada, je rencontre également le français Fred, 29 ans. Lui aussi travaille à mi-temps: il est fleuriste pendant 3 mois aux Etats-Unis et gagne assez d´argent pour voyager les 9 autres mois (!). Débrouillard, voyageur, il a traversé le Sahara à 18 ans sans trop s´ensabler, et parle couramment 5 langues. Il profite à fond du système français autant qu´il peut (bourses, ASSEDIC ...) mais ça ne l´empêche pas d´être sympa, généreux et plein d'empathie. C´est une sorte de Robin des Bois moderne: il prend aux riches (les contribuables) pour donner au pauvre (lui). Blague à part, il a une gueule d´Antonio Banderas avec une touche d´Owen Wilson et attire toutes les filles du Brésil. Pour se rendre à Natal, plus au sud, il hésite entre y aller à cheval ou en âne. Un cheval tout équipé coûte, ici, dans les 300 euros ! Lorsque je lui dis que je voyage en vélo, il laisse tomber l´idée du cheval et cours acheter un vélo pour faire le trajet avec moi jusqu´à Natal (1 semaine).

La veille du départ, je me tords la cheville. Je m´écroule au sol et y reste pendant une minute, ne sachant si ma cheville va me porter. En me relevant, je peux marcher, mais j´ai mal.

Le lendemain, j´ai toujours mal, je boîte, mais la cheville n´est pas enflée. En pédalant avec le talon au lieu des orteils (pour éviter les mouvements de la cheville), ça devrait aller. Je tente.


Alors c´est parti ! On commence par rouler sur la plage, à marée basse. Le sable est très dur. Enfin, presque ... Par endroit il commence à sécher et il est beaucoup moins dur, alors parfois je galère un peu, surtout avec mes pneus relativement étroits. Sur le sable, Fred me distance largement avec son vélo, pourri certes, mais à pneus larges, mieux adaptés au sable. Je passe pas mal de temps à marcher à côté du vélo. Sur la route, par contre, Fred n´est plus qu´un petit point loin derrière !




Les jours suivants, on continue notre périple, moitié route, moitié sable, moitié bateau. Il est en effet parfois plus pratique de prendre un bateau pour éviter des dizaines de kilomètres de détours par la route. Ainsi, à Porto do Mangue, on cherche un pécheur qui puisse nous emmener jusqu´à Macau. L´un deux nous prend sur sa frêle barque pour 1h00 de navigation tranquille sur les bras de mer, puis 1h30 épiques dans les vagues de l´océan: on se prend vague sur vague directement dans la tronche, mon sac est trempé et la violence d´une vague a décroché le moteur qui aurait coulé à pic si le pêcheur ne l´avait pas rattrapé in extremis.


Arrivés à Macau, le vent est trop fort (20 à 30 km/h), la nuit ne va pas tarder, alors on décide de s´arrêter pour la nuit, 40 km avant l´étape prévue. La seule pousada aux alentours est un "love motel". Très courants en Amérique Latine, les "love motels" permettent aux couples, légitimes ou pas, de se retrouver dans l´intimité pendant quelques heures. Il est donc assez inhabituel de louer une chambre pour la nuit. C´est pourtant ce que l´on fait, nous donnant ainsi l´occasion de voir ce qu´est un love motel de l´intérieur: garage attenant à la chambre pour pouvoir aller de la voiture à la chambre sans être vu, miroir panoramique aux murs, préservatifs à disposition, et communication avec les patrons via une sorte de "passe-plat", pour ne pas voir les visages, toujours par soucis de discrétion. En plus, ce love motel s'appelle "La Maison d'Amour", en français, sûrement pour faire gagner du romantisme à un lieu qui en manque cruellement.

En partant de Canoa Quebrada, j´ai cassé un rayon, mais je n´ai toujours pas trouvé de réparateur de vélo. La roue, qui n´avait pas souffert depuis mes mésaventures à Cuba, n´a pas l´air de se voiler davantage, alors je décide que le rayon restera cassé pour le moment.

Nous traversons des petits villages où les gens regardent passer la vie tranquillement depuis leur hamac. C´est de plus une région de marais salants, aussi les paysages sont-ils agrémentés de montagnes de sel bien blanc et étincelant.

On longe la mer quasiment en permanence, et on se baigne très souvent durant les pauses !

Ma cheville est encore faiblarde, mais, sauf mouvement brusque, je n´ai plus mal. Ouf ! N´empêche, je me fais vieux. Je m´étais déjà tordu l´autre cheville en canyoning à Merida, Vénézuela, lors d´un saut où j´ai glissé et où il y avait moins de fond que je croyais.


Infos vélo: de Canoa Quebrada à Areia Blanca
Kilomètres du jour: 92 km
Kilomètres cumulés: 3565
Départ: 7h15
Arrivée: 17h45
Temps sur le vélo: 6h45
Temps sur la route: 10h30
Vitesse moyenne: 14 km/h (hé oui, sur le sable, on va moins vite)
Vitesse max: 41 km/h



Infos vélo: d´Areia Blanca à Macau
Kilomètres du jour: 63
Kilomètres cumulés: 3628
Départ: 6h15
Arrivée: 17h00
Temps sur le vélo: 4h30
Temps sur la route: 10h45
Vitesse moyenne: 14 km/h
Vitesse max: 51 km/h



A Galinhas, on trouve une pousada encore en construction. Mais l´une des chambres est relativement prête, et les talents de négociateurs de Fred nous permettent d´y dormir pour 15 Reais. Les autres pousadas sont extrêmement chères: autour de 200 Reais. Par contre, l´une d´entre elles, située sur la plage, fait un buffet pantagruélique pour le petit-déjeuner, à 10 Reais. On passe notre temps là-bas, à se faire bronzer sur les transats. On profite des infrastructures de la pousada de luxe sans l´inconvénient du prix de la chambre !

Infos vélo: de Macau à Galinhas
Kilomètres du jour: 66
Kilomètres cumulés: 3695
Départ: 8h00
Arrivée: 14h30
Temps sur le vélo: 3h50
Temps sur la route: 6h30
Vitesse moyenne: 16 km/h
Vitesse max: 27 km/h

L´étape suivante est courte (moins de 30 km), mais nous décidons de tout faire par la plage. Le début est relativement aisé, nous avançons à 12 km/h et les paysages sont superbes.



Mais cela devient vite épique. Des barres rocheuses nous obligent parfois à rouler dans 10 à 20 cm d´eau de mer. Nous faisons du vélo sous-marin. Il s´agit alors de gérer sa vitesse pour passer lorsque les vagues redescendent. Il faut aussi repérer à l´avance les pierres et les trous pour ne pas rouler dessus une fois que l´eau a recouvert les obstacles. C´est dur mais c´est amusant, et tant que le sable est compact, même sous 20 cm d´eau, on avance.

Une fois, cependant, je suis tombé dans un trou sableux, le vélo perd l´équilibre et mon sac trempe dans l´eau quelques instants avant que je ne rétablisse le vélo en position verticale. Bref, pas mal d´émotions !

Puis sur les 10 derniers kilomètres, le vent forcit pour de bon. 20 à 30 km/h, avec des pointes à 40 km/h. On doit appuyer dur sur les pédales, et on avance à 6 km/h, comme des escargots.

A l´étape, des restaurateurs sympas nous laissent poser nos hamacs sur leur terrasse en front de mer, où l´on passe donc la nuit, bercés par les vagues.


Infos vélo: de Galinhas à Caicara do Norte
Kilomètres du jour: 27
Kilomètres cumulés: 3722
Départ: 9h15
Arrivée: 13h00
Temps sur le vélo: 3h00
Temps sur la route: 3h45
Vitesse moyenne: 9 km/h (tout sur le sable et dans l´eau, avec un gros vent contraire)
Vitesse max: 18 km/h

Comme ces jours-ci on a souvent un fort vent de face, on décide de partir tôt avant que le vent ne se lève. Et avant qu´il ne fasse trop chaud. Réveil 5h00 du matin, départ 5h45.

Ça devrait donc être une étape facile. Pas de vent, pas de chaleur, 64 petits kilomètres. Et surtout, aujourd´hui, on ne fait pas de plage ! Pas de sable, pas de vagues, que de la route ! 64km, ça devrait être facile. Oui, devrait. Sauf imprévu. L´imprévu, c´est que quasiment 30 km de la route, c´est en fait de la piste. Pas de goudron, mais du sable, de la terre, de la boue, des flaques énormes qui barrent la route. Le vélo s´embourbe souvent, et doit alors pousser le vélo, les pieds nus dans la boue. Certaines flaques ont une odeur douteuse, on se demande si des bêtes n´y sont pas passées avant nous ... Une double douche va être nécessaire ce soir !

Heureusement, le paysage est magnifique, alors nos efforts sont récompensés, et puis on rigole de nos aventures épiques !

On se trouve à nouveau une pousada bon marché juste à côté d´une pousada de luxe dans laquelle on prend un petit-déjeuner idoine que l´on fait durer toute la matinée ! Les profiteurs !

Infos vélo: de Caicara do Norte à São Miguel de Gostoso
Kilomètres du jour: 64
Kilomètres cumulés: 3786
Départ: 5h45 !!!!
Arrivée: 12h45
Temps sur le vélo: 4h15
Temps sur la route: 7h00
Vitesse moyenne: 15 km/h


Le lendemain, on se lève avec la pluie. Alors on délaye notre départ. On ne peut pas partir tous les jours à 5h du mat´... L´avantage, c´est qu´il n´y a pas de vent, car le soleil n´a pas eu le temps de chauffer la terre pour créer les vents thermiques.

On croit avoir de la route tout du long, mais non ... Ce n´est que de la piste. Mais c´est beau, et on est quasiment les seuls à passer par là. On passe dans des petits villages absolument pas touristiques, même si la côte est d´une immense beauté. Les touristes Lonely Planet ne s´arrêtent en général qu´à Jericoacoara, Natal et Praia da Pipa. A moins d´avoir son véhicule personnel. Et en vélo, on a le silence, on est entouré par la nature. En moto, il y a le bruit, la moiteur du casque. En voiture, on est emprisonné dans un habitacle aux minuscules fenêtres. Nous on peine sur nos vélos, mais on respire le grand air et on a une vue panoramique.

Et puis on rencontre de sacrés personnages:



On fait du vrai vélo tout-terrain. Roulant sur une piste mi-terreuse, mi-sableuse, le vélo chasse souvent de l´arrière. Parfois la roue avant s´enfonce soudainement dans un banc de sable, stoppant le vélo net. Lorsqu´on a une légère pente avant un banc de sable, on prend de la vitesse en espérant "voler" au dessus du sable et passer de l´autre côté au lieu de perdre de la vitesse et de s´enfoncer comme un âne mort. Dans les virages penchés ou sur la plage, le vélo marche parfois en crabe. Toute une aventure.

L´arrivée à Maracajaú est épique: la nuit tombe, et soudain, la piste d´arrête. On voit des traces de 4x4 continuer dans les dunes, et des poteaux électriques nous assurent de la présence du village de Maracajaú pas loin, mais il faut nous orienter dans les dunes, et le sable est très profond. Pousser les vélos dans les dunes est particulièrement difficile. On envisage un instant de poser nos hamacs ici, mais finalement nous persévérons et arrivons à Maracajaú après un looooong kilomètre de dune et 3 bons derniers kilomètres de piste, dans le noir, sous les étoiles.

Parfois, les fils électriques passent DANS les dunes :

Infos vélo: de São Miguel de Gostoso à Maracajaú.
Kilomètres du jour: 60
Kilomètres cumulés: 3846
Départ: 13h00
Arrivée: 18h30
Temps sur le vélo: 4h20
Temps sur la route: 5h30
Vitesse moyenne: 14 km/h
Vitesse max: 32 km/h

C´est la crise !

A Maracajaù, nous louons les services de 2 pêcheurs, rencontrés sur la plage. Ils nous emmènent au large, sur leur frêle embarcation à voile, faire du snorkeling dans des hauts-fonds cristallins. La navigation dure 2 bonnes heures, et est elle aussi épique. Le vent est faible, on rame la moitié du temps. Et comme le peu de vent qu´on a arrive de face, il faut tirer des bords.

Arrivés sur le récif, ils nous prêtent maques et tubas, et nous sommes libres d´explorer les fonds et les poissons multicolores une bonne partie de l´après midi. La plupart des autres touristes font la traversée en bateau à moteur en 10 minutes et doivent rester 60 minutes maximum dans un "bassin" de 50 mètres carrés, délimité par des lignes d´eau. Les pauvres !

Après cette journée de repos, on remet les voiles pour Ponta Negra, au sud de Natal.

Cette fois-ci, rien à signaler, que de la route le long de jolis paysages, ainsi qu´une boutique de matériaux de construction au nom évocateur:

A Ponta Negra, on est hébergé par Samuel, un membre de Warm Showers, le site de solidarité entre cyclistes !

Natal vu du Golden Gate local:

Infos vélo: de Maracajaú à Ponta Negra.
Kilomètres du jour: 70
Kilomètres cumulés: 3916
Départ: 8h00
Arrivée: 15h00
Temps sur le vélo: 7h00
Temps sur la route: 4h30
Vitesse moyenne: 15 km/h
Vitesse max: 55 km/h

Enfin, dernière étape avant un repos de quelques jours: Praia da Pipa. Que de la route, sauf les 5 derniers kilomètres que l´on a du faire sur la plage, et à marée montante, donc les 2 derniers kilomètres ont été parcourus en poussant le vélo sur le sable trop sec pour pouvoir rouler dessus.

Dernier passage en bac avec Fred:

Infos vélo: de Ponta Negra à Praia da Pipa.
Kilomètres du jour: 53
Kilomètres cumulés: 3970
Départ: 13h20
Arrivée: 17h30
Temps sur le vélo: 3h40
Temps sur la route: 4h10
Vitesse moyenne: 15 km/h

Praia da Pipa est connue pour ses plages où viennent les dauphins à marée basse. C´est donc l´attraction principale. Ma visite à la Praia dos Golfinhos est en effet récompensée par quelques dauphins, à 50 mètres du rivage. Je m´approche à la nage et je vois de temps à autres 2 ou 3 dauphins, à 10 mètres de moi, sortir leur dos bleuté de l´eau l´espace d´un instant. Ils évoluent en cercle autour de moi

Puis je joue avec les énormes vagues. Ou plutôt elles jouent avec moi. De gros tubes. Je suis tout excité par d´aussi grosses vagues. Ce sont les plus grosses vagues que j´aie jamais vu, alors j´en profite pour faire du body-surf (sans planche, juste moi). Mais ce sont de vraies lessiveuses, elles me disloquent dans tous les sens. Mais c´est marrant. Jusqu´à ce que la 4e vague que je prends me disloque vraiment. Une nouvelle contracture musculaire. Au cou. Il faudra que je songe à cesser de jouer à Indiana Jones en permanence si je veux rentrer entier.

Je reste 3 jours le temps de me détendre les muscles du cou et des omoplates. J´en profite aussi pour faire une grande lessive, recoudre maillot, jean´s et caleçons qui commencent à se faire vieux, et nettoyer à la main mon sac à dos, qui, au bout de 6 mois, ressemble plus à un sac poubelle qu´à un sac à dos.

Je fais remettre mon vélo à neuf aussi: câble de dérailleur changé, rayon cassé changé, dérailleurs réglé au millimètre. Le gars fait aussi un miracle pour dévoiler ma roue: même le voile que je croyais définitif, car inhérent à un endommagement structurel de la jante (depuis Cuba), même ce voile il me l´a réparé !

Mon cou se détend, mes chevilles me font moins souffrir, des entailles que j´ai au pied se referment, ma crevasse à la lèvre aussi.

C´est donc en homme neuf que je reprends la route vers Salvador de Bahia ! Je suis à nouveau seul, mais je commence à me débrouiller mieux en portugais.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Vous avez du vous regaler pendant cette traversee Fortaleza -> Praia de Pipa a velo!
keep the spirit