vendredi 27 février 2009

Chutes d´Iguazú (et vrai dernier jour de vélo)

Alors que j'arrive au poste frontalier à l'entrée en Argentine, un dilemme cornélien se pose à moi: vais-je à gauche avec les voitures particulières, ou à droite avec les transports en commun? Les douaniers n'ont visiblement pas pensé aux vélos:


Je traverse donc la frontière. L'Argentine !! Buenos Aires, la Patagonie, les glaciers, la Terre de Feu, le tango, les viandes délicieuses, les gauchos (cow-boys, éleveurs), les chutes d´Iguazú ! Youpiiii ! De quoi me consoler de quitter le Brésil !

Et puis enfin ! ça y est ! Je peux à nouveau converser normalement avec les gens autour de moi ! Après 7 semaines de handicap linguistique, ça fait du bien.

Autre surprise: depuis 3 mois, autour de l'équateur, la nuit tombe à 17h30. Mais en Argentine, à cette époque de l´année, le jour dure jusqu'à 21h. Que c'est agréable !

D´autre part, à Puerto Iguazú, je retrouve Irene, la voyageuse hollandaise rencontrée au lac Atitlán au Guatemala avec qui j´ai passé 10 jours au Nicaragua. On va faire à nouveau un bout de chemin ensemble.

La séparation entre le Brésil et l'Argentine est matérialisée par le fleuve Iguazú. Les chutes éponymes, impressionnantes, peuvent donc être admirées des deux côtés.

Le premier jour on se rend donc du côté brésilien, en vélo. Et le deuxième jour, du côté argentin, en bus.


Les chutes d´Iguazú sont vraiment impressionnantes. Un peu comme le Grand Canyon: on peut prendre toutes les photos du monde, mais il faut y être pour de bon pour réaliser le gigantisme du lieu. Ce n'est pas tant la hauteur des chutes, mais plutôt leur nombre, la force de l'eau, et puis c'est joli comme tout.
Côté argentin, il y a l'île San Martin, sur laquelle on sort des sentiers battus pour nous rendre au bord d'une lagune créé par quelques chutes. L'accès est interdit, difficile, et donc arrivé au bord de la lagune, on est seul au monde, et c´est magique ...



De temps en temps, quelques animaux croisent notre chemin:


A Porto Iguazú, je parviens à vendre mon vélo pour 500 pesos. Ca n'a pas été facile, car cela représente une sacrée somme ici.

C'est donc la vraie fin du vélo.
5000 km en 59 jours de pédalage.
Une vitesse moyenne disons de 18 km/h, soit 280 heures de pédalage ininterrompues.
4h30 de pédalage par jour en moyenne.
85 km par jour en moyenne.

Photo d´adieu à mon fidèle destrier pendant 7 mois ...

Je quitte le vélo avec une petite larme. A vélo, chaque jour, chaque instant est une aventure. Une impression de liberté intense, la joie de l´incertitude (où vais-je dormir ce soir ? Suis-je sur la bonne route ? Quelles sont les conditions météo ? Quel est l´état de la route ? Une bifurcation, quelle direction choisir ?). A vélo, le choix est une activité permanente, on contrôle son itinéraire à tout moment, on va où l´on veut, on s´arrête où l'on veut, quand on veut, on fait plus de rencontres inattendues.

Je n'ai aucun regret, au contraire: je suis très content d'avoir choisi ce moyen de voyager pendant toutes ces semaines, et je suis maintenant content d'entamer une nouvelle phase dans mon voyage, sans le vélo.

lundi 23 février 2009

Volte sempre !

De Salvador, je prends l'avion pour rejoindre Foz de Iguaçu (Brésil), puis Porto Iguazú en Argentine.

L'avion fait escale à Rio de Janeiro, et lors de l'approche, on survole cette ville immense, infinie. Après 7 semaines dans la nature, les roues dans les vagues, les pieds dans le sable des dunes et les yeux dans l'immensité brésilienne, je ne comprends plus pourquoi l'homme cherche à s'entasser dans des jungles urbaines où les solitudes se noient dans les multitudes.

Au décollage, alors que j'admire la baie de Rio, mes yeux croisent sûrement le Pão de Açúcar (Pain de Sucre), le Cristo Redentor (Le Christ Rédempteur) et Copacabana, mais l'altitude et mon ignorance m'empêchent de les identifier formellement. La baie de Rio est en tout cas immense et majestueuse !

Près de 2 mois au Brésil ! C'est un pays merveilleux. Je me suis amélioré pour communiquer en portugais, mais mon niveau ne me permet pas encore de converser normalement.

Certaines expressions brésiliennes vont me manquer comme "Ta bom" (OK), "muito bom" (très bien), "opa" (au lieu de hola).

Mais surtout "é" ou "ééhééé" qui signifie quelque chose comme "Ce que vous dites est tout à fait exact, et je ne peux qu'approuver la justesse de ces propos censés". Littéralement, cependant, cela veut dire "Cela est", c'est à dire tout simplement "oui". Le véritable "oui" ("sim") n'est jamais utilisé.

La prononciation aussi, la façon soooo cute de dire [brasew] pour "Brasil" ou [carnavao] pour "carnaval".

Enfin, le "café da manha", littéralement "café du matin", qui signifie en fait "petit-déjeuner", et le "cafezinho", littéralement "petit café", qui désigne en fait le "café" que l'on boit durant le "café da manha".

Et la gestuelle, leur façon unique de faire le signe "viens par ici" et "manger" (très différente de notre gestuelle à nous), et le pouce levé en permanence pour dire "ok", "cool", "j´ai compris", "bonjour", "au revoir", "passe une bonne journée". Bref, le pouce levé, ça veut TOUT dire !

Il va falloir que je me débarrasse du "obrigado" pour récupérer le "gracias" pour dire merci.

Je quitte avec des images plein la tête ces 1500 km quasi ininterrompus de longues plages désertes, et mon activité mono-maniaque (ou plutôt bi-maniaque): vélo-plage-vélo-plage-vélo-plage.

Et je quitte à regret les brésiliens si accueillants, si souriants. Ces épicuriens ont tout compris à la vie: de la sensualité, de la bonhomie, la fiesta tout le temps, une joie de vivre et un sens de la communauté exemplaire. Un peuple qui vit en tongs et maillot de bain toute l'année, il ne peut que voir la vie du bon côté...

Je garde aussi en tête les délicieuses caipirinhas (cocktail à base de cachaça et citron vert) et les aguas de coco dégustées tout au long de mon périple.

Les pistes, les fleuves, le sable, le sel et les marées m´auront offert une manière magistrale de finir mes 5000 km en vélo !

Volte sempre !

49 jours au Brésil.
20 jours et 1570 km de vélo (total: 4840 km en 57 jours).
Dépense: 37 euros par jour en moyenne.

Itinéraire au Brésil:

Toutes les photos du Brésil:
Brésil

dimanche 22 février 2009

Carnaval de Salvador de Bahia

Et là, c'est le choc.

Le choc du passage entre deux mondes. Le monde des petits villages, des hamacs sur les îles, des petits bateaux sur les petites rivières.

Et le monde urbain, l'enfer automobile, le bruit, la vie trépidante d'une agglomération plus grosse que Paris.

Voulant me rendre dans le centre en vélo (30 km, de la rigolade), je suis les panneaux "Centre Historique" pour me retrouver, après une longue courbe, à mon point de départ. En voulant repasser de l'autre côté de la 2 fois 8 voies (baaaaah, j'exagère!), je m'écorche le gras du gros orteil droit sur le trottoir. Bien entamé, ça saigne. Comme ça, les deux pieds ne sont pas jaloux l'un de l'autre. Je rentre donc pour nettoyer et désinfecter la blessure, et ce sera la fin de Nico-a-velo contre Goliath-Salvador.

C'est alors avec les deux pieds blessés que j'aborde joyeusement le Carnaval. Alex accueille 5 autres couchsurfers (australien, portugais et polonais) dans son petit 25 m2, et c'est donc à 7 que l'on se rend dans l'un des trois quartiers carnavalesques.

Le carnaval de Salvador est d'avantage basé sur la musique que sur le spectacle, les paillettes et les marionnettes géantes. Les gens déambulent dans les rues en dansant au rythme de la musique prodiguée par les Trios (ou bandas, ou blocos) qui passent, c'est à dire des semi-remorques tapissés de haut-parleurs, avec un orchestre sur la plate-forme. Les brésiliens connaissent les morceaux par coeur et chantent à tue-tête, un peu comme si chez nous les musiciens jouaient du Renaud, du Téléphone, du Dutronc ou du Johnny (pick your favorite).

Chaque Trio est plus ou moins connu et plus ou moins populaire. Pour nous ignares étrangers qui ne connaissons pas les Renaud et Téléphone brésiliens, les Trios se suivent et se ressemblent. Soutenu par des dizaines de travailleurs de l'ombre, un cordon de protection entoure le cortège, cordon à l'intérieur duquel dansent des gens, en costume, qui ont répétés pendant des semaines ou des mois. Certains Trios sont composés principalement de gens assez âgés. C'est assez particulier. Un peu comme si ma grand-mère allait danser la samba en costume à plumes toute la nuit en tête d'un cortège à 150 dB. Car la sono est assourdissante. Alors que le Trio est encore à distance, ça va. Mais quand le Trio passe à côté de nous, les tympans vieillissent à vue d'oeil (à vue d'ouïe?). Je pense d'ailleurs que c'est un problème sanitaire d'importance. La cage thoracique commence à vibrer, et alors que le Trio s'approche très lentement, la vibration monte vers le coeur et la gorge, tout en vrillant les tympans.


Mais un autre problème sanitaire de premier ordre, et je pense que le monde devrait en prendre connaissance, et que l'ONU devrait envoyer des missions humanitaires, c'est le manque cruel de soutien-gorge au Brésil ! Il y a urgence ! Je ne sais si c'est un problème de disponibilité des matières premières, de fabrication, d'acheminement ou de distribution, mais le soutien-gorge est visiblement une denrée rare qu'il est difficile de se procurer ! Quasiment personne n'en porte, c'est une vraie calamité !

Bon, cessons le mélodrame et revenons à des choses plus légères... A l'intérieur du cordon, on trouve aussi des gens du public qui ont payé cher pour suivre le Trio toute la soirée, dans l'environnement sécurisé du cordon. Sur la plate-forme, une dizaine de musiciens, dont au moins la moitié de percussions. Boum, boum, boum. Et quelques danseuses à paillettes et costume, ou parfois complètement nues, mais recouvertes de body-paint. En dehors du cordon, c'est la foule, compacte, et ses mouvements incontrôlés. De temps en temps, une baston se déclenche. Sont-ce des vraies bastons, ou sont-elles organisées pour semer le trouble et pour que les pickpockets fassent leur travail? L'un d'entre nous, fraîchement débarqué de l'avion en provenance de Vienne, s'est fait délester de l'équivalent de 70 euros pendant un mouvement de foule dû à une baston (mais que faisait il avec 70 euros dans un carnaval, hein ? Alors que la bière coûte 60 cents?). En tout cas, les pickpockets bossent toute la soirée. Chacun de nous s'est fait fouiller les poches plusieurs fois.


Le public regarde les Trios passer, la plupart en dansant, et de façon soit très tribale, soit très sensuelle, très suggestive, très sexuelle, et ce de 7 à 77 ans (littéralement). La bière coule à flot (4 millions de litres par jour d'après Wikipedia, c`est à dire 8 fois plus que pendant l'Oktoberfest de Munich). Une grande fête populaire. 2 millions de personnes dans la rue ! Pour ma part, avec mon âge avancé, la sono à fond, mes tympans vieillissants, mes pieds en lambeaux sanguinolents (j'exagère toujours un peu ...), la foule oppressante, les pickpockets et les bastons qui ne mettent pas une atmosphère aussi joyeuse que je le souhaiterais, 3h de carnaval m'ont suffit. Mais c'était intéressant à voir. Les autres festoient toute la nuit, jusqu'au petit jour.


Le 2e jour, rebelote. La Star du jour est Ivete Sangalo, la Reine brésilienne de l'axé, l'un des courants musicaux brésilien le plus populaire. Les gens suivent le Trio et sont hystériques. Un peu comme si Mylène Farmer donnait un concert place de la Bastille lors de la fête de la musique. Les pickpockets sont à la fête. L'un d'entre nous se fait délester de son téléphone portable, un autre de son appareil photo. Moi on me fait les poches (sans succès) alors que je cours au milieu de la foule pour essayer de repérer la moitié du groupe qui nous a perdus. Sympa l'ambiance !

Le dernier jour, je pensais en avoir soupé, du Carnaval. Je me rends dans le Centre Historique, le Pelourinho, en pensant visiter tranquille les vieilles ruelles et les antiques églises, loin de l'agitation générale. Raté ! Le Pelourinho est le troisième lieu du Carnaval.


Mais cette fois c'est une bonne surprise: ici, pas de Trios, pas de foule en délire, pas de sono assourdissante, pas de pickpockets. Rien que des petites fanfares de rue, et des petites scènes musicales ici et là, parfois dans des petits patios intérieurs un peu cachés. Que des gens heureux, dansants, même sous la pluie battante, de la bonne musique que l'on peut découvrir sereinement sans se faire faire les poches ni perdre ses amis ! Un bonheur ! J'ai même dansé le forró, courant musical populaire du Nord-Est brésilien à base de tambour, triangle et accordéon !



Les caipirinhas ont fait leur oeuvre:


jeudi 19 février 2009

De Pontal de Coruripe à Salvador de Bahia

C'est après une longue réflexion, murie au long des dernières semaines que ... j'ai décidé de raccrocher le vélo après Salvador de Bahia. En effet, après Salvador, je vole direct en Argentine, puis au Chili quelques semaines plus tard. Deux énormes pays. Et plein de choses à voir. De grandes distances à couvrir, en bus, en avion, en bateau. Il y a certains endroits que j'aimerais faire à vélo, mais globalement, ces pays me semblent inadaptés au vélo tel que je le conçois. Il me semble que je m'ennuierais à couvrir de grandes distances monotones dans ces pays, et que je passerais à côté de sites intéressants, mais trop loin, pas sur ma route. Donc je raccroche le vélo, et il va falloir que je me ré-habitue au bus !

Un grand regret: ne pas faire le Salar de Uyuni (Bolivie) en vélo. J'aimerais trouver un moyen original de le traverser. A cheval ? :-) Aussi, cela m'aurait plus de descendre la soit-disant "Most Dangerous Road in the World" à La Paz en Bolivie, avec mon propre vélo et mon sac sur le porte-bagages, au milieu des touristes qui la descendent sur des vélos de locations en guide d'activité touristique "extrême".

Donc en partant de Pontal de Coruripe, je sais (enfin ... je crois) que je n'ai plus que 5 jours de vélo. En fait, il ne me reste que deux jours, mais je ne le sais pas encore.

Je quitte donc Pontal de Coruripe, après un ultime petit-déjeuner pantagruélique chez Ada.

C'et marée haute, mais pour m'éviter 25 km de route contournant la baie, je pousse le vélo sur le sable meuble sur 1km, pour prendre un bateau sur le bord du fleuve.

Il me semble que c'est le plus petit bateau sur lequel mon vélo ait posé ses roues. J'ai eu peur qu'on parte à la baille:

Puis la route est longue et monotone. Entrecoupée par un petit tour en bateau très agréable de vingt minutes sur l'immense Rio São Francisco.

Je crois alors que toute la route va être aussi monotone jusqu'à ma ville-étape, lorsque soudain, après 66 km, mon plan de route me fait bifurquer vers une piste. Et quelle piste !! Une des moins agréables. Avec ces petites bosses transversales en forme de vaguelettes, formées par les voitures et leurs amortisseurs, qui me donnent l'impression de rouler sur des minis dos-d'âne en permanence. En plus, pas de bol, j'ai oublié ma bouteille d'eau dans le congélateur du resto à midi, et j'ai TRÈS soif.

A priori j'ai 40 à 50 km à faire comme ça. J'espère que je trouverai de l'eau.

Et là, c'est le drame (pas de panique: petit, le drame). Ma chaîne qui commence à montrer des signes de faiblesse, "saute" régulièrement, c'est à dire qu'elle glisse sur les dents des pignons (eux aussi passablement élimées par le sable). Cela produit un brusque mouvement accéléré du pédalier. Mon pied, surpris, glisse, et se positionne pas très délicatement entre la pédale et les gravillons acérés de la piste (je suis en tongues, donc je ne suis pas protégé. Oui, je sais, c'est pas malin, mais il fait 30 degrés. Et puis à 12 km/h sur la piste, je ne pensais pas risquer la mort).

Résultat: un gros trou bien profond sur l'orteil gauche, du sang, et comme je suis un peu douillet, une douleur intense. Le bonheur dans mon malheur: un bar de poivrots apparaît 100 mètres plus loin. Je commence par demander une bouteille d'eau filtrée (pas d'eau minérale ici, c'est un bar de poivrots, donc il n'y a que de la bière, et pas d'eau). Puis je nettoie au savon ma blessure, puis la panse.

Je chausse mes tennis pour protéger le pansement, et ça fait drôle, ça faisait 2 mois que je ne suis qu'en tongues.

Cette piste est vraiment horrible. Il reste encore 30 à 40 km. Ça va être dur et je risque même d'arriver après la nuit. Plusieurs personnes me conseillent de passer par la plage.

Je bifurque donc vers la plage et parcours 4km dans les dunes (grrrrrrr!), puis c'est le bonheur ! 33 km de plage déserte, magnifique, dans les couleurs du soleil couchant, sur un sable très dur et une vitesse de croisière à 22 km/h ! "I'm a poor lonesome cow-boy, a long long way from home !" Mais un cow-boy heureux !

Une photo dont je ne suis pas peu fier:


Sur mon chemin, de nombreux crabes s'enfuient devant mes roues pour se mettre à l'abri dans leur trou dans le sable. Sauf un, qui se dresse sur ses pattes, et me menace de ses terribles pinces. Intrigué, je m'arrête, et en fait il s'agit non pas d'un crabe, mais d'une crabe, et elle est enceinte (oeufs jaunes près de son postérieur)!


Et j'arrive, presque à regret de quitter cette plage solitaire, à la nuit tombante, à Pirambu, un village quelconque.

Infos vélo: de Pontal de Coruripe à Pirambu
Kilomètres du jour: 114
Kilomètres cumulés: 4723
Départ: 7h40
Arrivée: 17h30
Temps sur le vélo: 6h30
Temps sur la route: 9h50
Vitesse moyenne: 17 km/h
Vitesse max: 36 km/h


Le lendemain, je remonte sur Joly Jumper mon vélo, sans savoir que ce sera ma dernière journée. J'arrive maintenant aux abords de l'état de Bahia, et la route est extrêmement passante, ce n'est vraiment pas agréable. La chaîne saute de plus en plus: chaque 3 tours de pédale (dans les montées) ; je dois la changer ce soir absolument. La route est loin de la mer, et je me fais 20 km sous la pluie. Et 20 autres kilomètres dans un pick-up qui a bien voulu me ramasser dans une station-service. Bref, loin de l'aventure, au milieu des voitures, la motivation baisse.

En arrivant à Estância (autre ville quelconque), je pèse le pour et le contre, je regarde la météo des prochains jours (pluie pluie et pluie), et réalise que plus j'avance vers Salvador (2 millions d'habitants) plus les routes vont être passantes. Je décide alors de zapper les 3 derniers jours de vélo et de prendre un bus pour Salvador de Bahia le lendemain matin.

Infos vélo: de Pirambu à Estância
Kilomètres du jour: 89
Kilomètres cumulés: 4812
Départ: 7h30
Arrivée: 15h30
Temps sur le vélo: 5h30
Temps sur la route: 8h00
Vitesse moyenne: 16 km/h (oulà, pas motivé aujourd'hui !).
Vitesse max: 47 km/h


Levé 5h30, bus à 6h30, j'arrive à Salvador à 10h, chez Alex, un brésilien du site de Couch Surfing. Il habite en périphérie de la ville, à 30 km du centre, mais à 3 minutes de vélo du comptoir d'enregistrement de l'aéroport, ce qui sera bien pratique pour prendre mon avion à 7h lundi.

lundi 16 février 2009

D´Olinda à Pontal de Coruripe

Au sortir d´Olinda / Recife, c´est une étape sans intérêt: villes (ville de Recife et banlieue, pendant des kilomètres), hauts buildings, routes, circulation intense.

Infos vélo: d´Olinda à Porto de Galinhos
Kilomètres du jour: 82
Kilomètres cumulés: 4329
Départ: 8h00
Arrivée: 13h00
Temps sur le vélo: 4h30
Temps sur la route: 5h00
Vitesse moyenne: 19 km/h
Vitesse max: 43 km/h

Le lendemain, journée classique, rien à signaler:
* 20 km de piste ensablée.
* 2 bateaux.
* 67 km de route asphaltée avec juste assez de dénivelé pour ensuite me faire plaisir dans quelques bonnes descentes.
* Des plages paradisiaques bordées de palmiers.
* De bonnes eaux de coco sirotées lors des pauses salutaires.
* Des eaux turquoises et cristallines.

Ha si, les plages de Carneiros et de Tamandare (sur l´embouchure du Rio Formoso) sont particulièrement belles et valent le détour. Le débarquement du catamaran qui m'a fait traverser le Rio Formoso aussi vaut le détour (les pieds et les roues dans l'eau):

L´être humain est un animal étonnant: même lorsqu´il a à sa disposition un immense océan bordant une longue plage déserte et tropicale, il s´entasse en groupe dans des piscines, naturelles, certes, mais confinées:



Infos vélo: de Porto de Galinhos à Maragogi
Kilomètres du jour: 87
Kilomètres cumulés: 4416
Départ: 8h20
Arrivée: 15h30
Temps sur le vélo: 4h50
Temps sur la route: 7h10
Vitesse moyenne: 18 km/h
Vitesse max: 48 km/h


Encore une journée tranquille. C'est la routine maintenant: un peu de piste, pas mauvaise, cette fois, beaucoup de route, et 15 km de plage avec le sable vraiment très tassé, alors j'avançais vraiment bien. J'ai pris 3 bateaux, et bu 2 eaux de coco sur la plage. Comme je disais, la routine, quoi !

Le passage sur la plage, c'était Praia de Morro, au sud de Barra de Camaragibe, et je la recommande vivement cette plage ! Longue, belle, déserte:


Blague à part, même si je suis à des années-lumière de ce qu'il se passe en Europe, j'espère que cette crise ne laissera aucun de nous sur le tapis.



Et j'arrive à Maceio. Je pensais avoir besoin de mon shot de grosse ville, rencontrer des voyageurs et faire la fête. J'ai trouvé une ville avec des pousadas impersonnelles, chère et la majorité des gens à qui j'ai parlé rivalisaient d'animosité. Et pas un touriste, brésilien ou étranger, en vue, pour socialiser.

Infos vélo: de Maragogi à Maceio
Kilomètres du jour: 101
Kilomètres cumulés: 4517
Départ: 7h30
Arrivée: 15h30
Temps sur le vélo: 5h30
Temps sur la route: 8h00
Vitesse moyenne: 18 km/h
Vitesse max: 45 km/h


En quittant Maceio, j'emprunte une route longue et monotone, loin de la mer, sur le haut d'une falaise. Seul intérêt de l'étape, le mirador de Gunga (Mirante de Gunga), en face de Barra de São Miguel. Une plage super belle, magnifiée par la position privilégiée, en hauteur, du mirador. Sur mon trajet, chaque plage paraît être plus belle que les précédentes, mais là c'est vraiment vrai ! Je ne crois pas que la photo rend justice à cette plage magnifique:


En fin d'étape, j'arrive à la Pousada da Ada, à Pontal de Coruripe. Enfin une pousada qui est une vrai pousada, c'est à dire qu'on a vraiment l'impression de loger chez l'habitant. Un grand salon un peu bordélique rempli de jeux et de bouquins, une guitare traine dans un coin, une porte-fenêtre donnant sur un énorme jardin rempli de chats, avec une terrasse ombragé par un toit de verdure, et une grande table de ferme en bois, où les hôtes prennent le délicieux dîner en commun, après la caipirinha au fruit de la passion. Un lieu en or, mais dont le prix était un peu au dessus de mon budget. Mais pour le même prix, Ada m'a refilé le grand appartement de 3 pièces au fond du jardin au lieu des chambres standards. Non que j'ai besoin de 3 pièces, mais quel bonheur de s'étaler un peu !

Une dizaine de touristes sympas de tous pays (Brésil, Suisse, France, Angleterre). Le soir, on a fait un poker endiablé avec une Ada intransigeante, après un coucher de soleil pas piqué des hannetons:


Infos vélo: de Maceio à Pontal de Coruripe
Kilomètres du jour: 92
Kilomètres cumulés: 4609
Départ: 7h50
Arrivée: 14h10
Temps sur le vélo: 5h15
Temps sur la route: 6h20
Vitesse moyenne: 18 km/h
Vitesse max: 70 km/h

Le lendemain matin. le petit-déjeuner dépasse les rêves les plus fous du voyageurs habitué aux petit-déjeuners médiocres des pousadas bas de gamme: bon café (Ada est italienne ...), jus frais, énorme assiette de fruits frais, délicieux gâteaux maison, pain maison croustillant sous la dent, confitures maison succulentes, bananes flambées, fromage, crêpes, miel ... Je me suis senti tellement à la maison chez Ada que je suis resté une nuit de plus ! Et tant pis pour le budget (ce n'était pas la ruine non plus, 65 Reais la nuit, 20 euros, petit-déjeuner et dîner familial inclus).

lundi 9 février 2009

De Praia da Pipa à Olinda

Je commence par 6 km de piste. Ha ben bravo ! Mon vélo tout juste remis à neuf se remet bien vite à crisser avec le sable qui se faufile dans le dérailleur !

Voici quelques exemples de l´état des pistes que j´emprunte:







Dès que l´opportunité pointe son nez, je quitte le bord de mer et reprend les routes asphaltées, afin d´"économiser" le vélo et d´aller un peu plus vite que 9km/h. La côte est fabuleusement belle, mais j´ai eu ma dose de côte et de plage pour au moins pouvoir faire un écart quelques heures.

Effectivement, 4h plus tard, me revoilà sur la piste vers la plage. La route nationale est vraiment trop passante et pas agréable. Finalement, je préfère peiner sur la côte, mais sans voiture et avec de plus beaux paysages.

Infos vélo: de Praia de Pipa à Barra de Camaratuba
Kilomètres du jour: 70
Kilomètres cumulés: 4040
Départ: 8h45
Arrivée: 15h15
Temps sur le vélo: 4h10
Temps sur la route: 7h30
Vitesse moyenne: 17 km/h
Vitesse max: 45 km/h


Départ 8h. Dure journée:
- je commence par prendre un bateau.
- puis je pousse le vélo 5 km sur un chemin ensablé dans les collines.
- ensuite 8 km de piste où je ne dépasse pas le 9 km/h.
- enfin 11 km d´asphalte où je casse, encore, un rayon.
- encore 4 km de piste ensablée.
- je prends de nouveau un canoë, et je participe au ramage.
- toujours de la piste ensablée.

Et là j´arrive sur une plage, nez à nez avec un fleuve qui se jette dans la mer. Mais la mer essaye aussi de se jeter dans le fleuve, du coup l´embouchure est assez mouvementée. Il y a une centaine de mètres d´embouchure. Je vois bien 2 petits canoës plus en amont du fleuve, à 50 mètres, mais pas âme qui vive. Juste une petite paillote qui semble abandonnée.

On dirait que la traversée de l´embouchure peut se faire à pied. J´enfile le maillot de bain et je pars en repérage. Arrivé aux 3/4, je n´ai toujours de l´eau qu´au bassin. Inutile de tester jusqu´à l´autre côté. Ça passe, c´est sûr. Et passer par l´embouchure m´évite de grimper la falaise de l´autre côté du fleuve.

Allez, je prends ma sacoche de guidon en bandoulière, et le sac à dos au dos. Le vélo reste sur la rive pour le moment. Il passera au second voyage. Et c´est parti. J´arrive en effet aux 3/4 sans encombre. Mais là, au lieu de remonter en pente douce, le fond continue de devenir plus profond. L´eau monte jusqu´à la taille. Le sac à dos se mouille. Je le mets alors sur la tête, et je le garde en équilibre d´une main (15 kg ...), tandis que l´autre main maintient la sacoche de guidon (qui contient appareil photo et téléphone portable) hors de portée des vagues.

Plus j´avance et plus il y a de fond et plus les vagues grossissent. Je dois maintenant sauter à chaque vague pour éviter que ma sacoche de guidon ne se mouille.

Je ne suis plus qu´à 15 mètres de l´autre rive. Et c´est la panique. Le bras qui tient le gros sac sur ma tête fatigue. J´avance, mais l´eau continue de monter au lieu de redescendre. Des GROSSES vagues déferlent sans cesse sur moi. Même si je saute, les sacs sont trempés. Je dois faire demi-tour. Je suis épuisé, mais je dois faire 20 mètres dans l´autre sens pour sortir de la zone de vagues plus hautes que moi et reprendre pied. Je saute le plus haut possible à chaque vague en criant avec désespoir "noooon, NOOOOON, NOOOOON !!!" en pensant que mon appareil photo et mon téléphone sont déjà morts. J´arrive finalement sur le sable. Mon sac dos est trempé. Mais ce ne sont que des vêtements. Ma sacoche de guidon aussi, mais je suis étonné de voir que l´intérieur est presque sec. Rien n´a souffert et l´appareil photo marche encore ! Ouf !

Bravo Nico ! Tu veux jouer à Superman, traverser des rivières à pied, et tu te retrouves comme une andouille, au milieu des vagues, avec ton gros sac sur la tête, à pleurer ta mère, et à flipper pour tes biens matériels ! Ça t´apprendra !

Voici l´embouchure que j´ai voulu traverser:
Je reprends des forces, puis je m´approche vers la paillote abandonnée. Elle n´est pas abandonnée finalement: deux bonhommes y font la sieste en attendant le chaland pour le faire traverser en barque, et gratuitement en plus !

Arrivé de l'autre côté, je gravis finalement la falaise, tellement abrupte que je dois monter d´abord les bagages, puis le vélo:
Epuisé, je dois pourtant continuer vers le prochain village, Lucena, par des chemins ensablés qui n´en finissent pas. Un ouvrier en tracteur, sympa, me rapproche de quelques kilomètres:



J´avais un objectif de 100 km aujourd´hui, et je m´arrête à 49 km, épuisé. 11km/h de moyenne sur la journée, c´est symptomatique des journées difficiles !

Heureusement, je traverse des jolis endroits:



A Lucena, un cirque est sur la place du village, alors j´en profite pour retourner en enfance !

Infos vélo: de Barra de Camaratuba à Lucena
Kilomètres du jour: 49
Kilomètres cumulés: 4089
Départ: 8h00
Arrivée: 15h30
Temps sur le vélo: 4h30
Temps sur la route: 7h30
Vitesse moyenne: 11 km/h !!!
Vitesse max: 47 km/h


Mais la journée la plus épique est encore à venir !!

Départ: 5h40 du matin. Arrivée prévue: vers 16h, à Olinda, 160 km plus au sud !
(au final, je m´arrêterai à 133km, mais à 17h40).

Renseignement pris, ce n´est que de l´asphalte tout du long et c´est quasiment plat ! Donc c´est faisable. Ça tombe bien, on est samedi, et je veux arriver à Olinda avant demain, car les dimanches de février, c´est le "pré-Carnaval".

En effet, les 110 premiers kilomètres, ça se passe relativement bien. Uniquement de l´asphalte, des paysages superbes de hauts plateaux et de mers paradisiaques (je commence à être presque blasé ...). Je m´arrête sur la plage pour boire un coca ou une eau de coco, petite baignade, et je repars. Arrêt dans un petit village pour le déjeuner (soupe de fruits de mer, délicieuse).

A ce propos, un constat en traversant les petits villages: quand l´humanité s´ennuie, l´humanité picole. Et quand l´humanité s´ennuie du matin au soir, l´humanité picole aussi du matin au soir. Avec tous les problèmes qui s´ensuivent (alcoolisme, obésité, éventuellement violence ...). Mais pourquoi s´ennuyer? A quoi ça sert ? (question naïve et malicieuse).

Trêve de digression ! Après le déjeuner, ça se corse singulièrement:
L´asphalte disparait, et la piste fait son grand retour. Un troisième bateau me fait passer un nouveau fleuve, et me dépose sur la plage de l´autre côté. J´ai 1 km à faire sur une plage à marée haute, donc en poussant le vélo.

Ensuite c´est à nouveau de la piste ensablée, avec des bifurcations, pas de panneaux, et des habitants qui ne savent pas toujours bien m´expliquer le chemin le plus facile pour aller au prochain bateau (quand ils savent qu´il y a un bateau). Et puis ce n´est pas le bon jour pour faire de la piste. Si je veux boucler les 160 km dans la journée, il me faut de l´asphalte, comme on avait prévu, nom d´un p´tit bonhomme !

Alors qu´il est déjà 17h (la nuit tombe à 17h40), il me reste 30 km jusqu'à Olinda mais un panneau salvateur est planté là: "Terminal de bus". Un guichetier aimable m´offre un café chaud et m´indique qu´un bus part à 17h30. Pour Olinda? Oui, pour Olinda. Je papote, et au bout de 10 minutes, alors que je veux savoir à quel endroit d´Olinda le bus nous dépose, on me fait savoir qu´il y a deux changements de bus pour aller à Olinda. QUOI? Mais vous m´avez dit que ce bus allait à Olinda. Oui, mais en changeant de bus 2 fois. Donc avec 3 bus ! Ha oui ? Ha ben bravo ! A ce compte-là, le bus va aussi à Paris, en changeant 147 fois et en passant par le détroit de Béring ! Grrrrrrr ! 3 bus, c´est 3 fois le prix, c´est 3 fois à attendre, et c´est 3 fois l´incertitude que mon vélo sera pris en soute (s´il y a une soute).

Même s´il est 17h20, je reprends le vélo, et je file, plus vite que le vent, une course contre la nuit. Assez vite, je dois reprendre un nouveau bateau (le quatrième de la journée) avec un pilote atypique:


Puis je zigzague à travers les rues. Ma carte m´indique un ultime bateau (le cinquième!) avant de retrouver l´asphalte, et ensuite c´est 25 km jusqu´à Olinda. Même de nuit, une bonne heure de route, c´est faisable. J´ai le sang chaud, l´envie d´y arriver. Je pédale, à fond, sur la piste.

J´arrive au fleuve. Pas de bac ni de ferry en vue. Un pécheur est en train de quitter le rivage sur son bateau à voile. Je le hèle: "Oye, Amigo, amigo ! Pouvez-vous me faire passer de l´autre côté? Oui ? Pour 2 Reals?" Ouf, ça y est, une fois de l´autre côté, je ne serai plus qu´à 25 km d´Olinda !

Arrivé de l´autre côté, c´est une plage, avec des restaurants sur le sable. La route ne doit pas être loin. "Où est la route, amigo ? Haaaa, pas de route ! Il faut attendre la marée basse et passer de l´autre côté ! Comment ? Pas de route ? Je ne comprends pas."

Il me fait signe de le suivre, on passe entre les tables des restos, on parcourt 50 mètres, et là je comprends: je suis sur une île ! Petite. 50 mètres sur 200 mètres. Ma route asphaltée est à 1km, mais on ne passe qu´à marée basse. J´abdique. Je ne serai pas à Olinda ce soir. On me propose de poser mon hamac sous les paillotes. Le soir, les restos ne fonctionnent pas, mais le personnel dort sur place. "Vous pouvez me faire à manger quand même? Oui, oui, pas de problème". Un énorme plat de pâtes que je finirai au petit-déjeuner le lendemain tellement il est gros.

J´accroche mon hamac et je papote un peu avec le personnel. Il y a quelques adultes, 1 enfant de 15 ans et deux de 9 ans. Les enfants travaillent 6 jours par semaine pendant les 2 mois de vacances d´été (ben oui, c´est l´été ici), sans loisirs puisqu´ils dorment sur place. Ils sont payé 20 Réals par semaine pour les enfants de 9 ans, 50 Réals par semaine pour l´ado de 15 ans (mais nourris et "logés" en hamac à la belle étoile). Un adulte est payé 250 Réals par semaine (le smic est à 120 Réals par semaine, soit 40 euros).


Autres tranches de conversations assez surprenantes avec les adultes:
"Alors tu fais du vélo ?
- Oui, oui.
- Tu es venu de France en vélo ?
- Heu ... non, il y a un obstacle, mineur, certes, mais néanmoins présent: l´Océan Atlantique!
- Ha, oui ... et donc tu es venu comment?
- Heu ... en avion, pardi !
- Haaaaa, en avion ! Il est venu en avion !"

Tu m´étonnes. L´avion pour eux c´est presque de la science-fiction. Déjà que la plupart ne sont pas capables de me dire si à 20 km de chez eux, plus au sud, je vais trouver (ou pas) un service de ferry/bac régulier, alors l´avion ... Ironiquement, l´île s´appelle (je crois) La Couronne de l´Avion.

Rien à voir, mais Jésus existe, il pêche tranquillou au large de l´île de Coroâ do Avião, pas sur son bateau, mais à côté !!:

Infos vélo: de Lucena à Ilha Coroâ do Avião.
Kilomètres du jour: 133
Kilomètres cumulés: 4222
Départ: 5h40
Arrivée: 17h40
Temps sur le vélo: 7h40
Temps sur la route: 12h00
Vitesse moyenne: 17 km/h
Vitesse max: 71 km/h



Levé sans réveil, avec le soleil, un bon petit-déjeuner de pâtes dans le ventre, je traverse à marée basse. Puis après un ultime bateau, je me retrouve les 2 roues sur l´asphalte pour une petite promenade de 25 km jusqu´à Olinda.


Mon vélo, qui était remis à neuf il y a 3 jours, est à nouveau plein de sable, de sel, déréglé, roue voilée, un rayon cassé, la béquille ne coulisse plus, et le pédalier a du jeu !!!


Infos vélo: de Ilha Coroâ de Avião à Olinda
Kilomètres du jour: 25
Kilomètres cumulés: 4247
Départ: 7h20
Arrivée: 10h20
Temps sur le vélo: 1h40
Temps sur la route: 3h00
Vitesse moyenne: 15 km/h
Vitesse max: 33 km/h


Olinda est une ville coloniale très jolie qui a la particularité d´être au bord de la mer, par rapport à toutes les autres villes coloniales que j´ai visité, entourées de montagnes.

Je débarque en plein pré-Carnaval, du monde partout, de la musique, de la capoeira, sympa !

Je crèche à la Pousada d´Olinda, très sympa, tenue par un marocain, avec piscine, hamacs et un énorme buffet au petit-déjeuner. En plein dans le centre, pour 8 euros, buffet inclus (prix négocié) - je recommande ! :-)

En plus, un petit compagnon est le gardien de ma chambre:




Le lendemain, je fais encore remettre mon vélo à neuf: rayon remplacé, roue dévoilée, pédales dégrippées, axe du pédalier changé. Je vais éviter de faire trop de vélo-tout-terrain-plage dans les prochains jours !!

mercredi 4 février 2009

De Fortaleza à Praia de Pipa

Pour lire ce post, cette chanson (via Deezer) est appropriée (cliquez sur le lien):

Je quitte Jericoacoara en bus, et passe une nuit à Fortaleza avant de reprendre le vélo !

Enfin ! Ça faisait 1 mois sans vélo ! Il me manquait, et, secrètement, je crois que je lui manquais aussi. La chaîne huilée, les câbles resserrés, et c´est parti ! On the road again !

Je longe la mer sur des kilomètres, une mer d´un bleu turquoise caribéen, même si c´est l´Atlantique !

Un truc que je ne comprends pas, de prime abord: je suis largement sous l´équateur, dans l´hémisphère sud, et pourtant, à midi, le soleil est à ma droite, au sud. Ne devrait-il pas être à ma gauche, au nord ?

Et bien non. C´est l´été austral. La Terre est inclinée pour montrer ses fesses (aka le Pôle Sud) au soleil. Cette inclinaison met l´équateur au dessus du plan solaire. L´équateur "virtuel" (celui qui se trouve dans le plan solaire) est plus au sud. Donc tant que je serai dans cette bande de terre entre le vrai équateur et l´équateur "virtuel", le soleil sera au sud. Quand je dépasserai l´équateur virtuel, le soleil passera enfin au nord, le margoulin !

Un autre phénomène intéressant: à cet endroit du Brésil, je suis plus proche de la Sierra Leone (en Afrique) que du sud du Brésil!

Dans les villages traversés, je dors dans des pousadas d´où je peux entendre la mer en m´endormant, et c´est bien.

Un drôle de compagnon me suit un temps, pour m´aider dans la lecture de la carte:



Infos vélo: de Fortaleza à Morro Branco
Kilomètres du jour: 99, ça commence fort.
Kilomètres cumulés: 3388
Départ: 8h30
Arrivée: 16h00
Temps sur le vélo: 5h30
Temps sur la route: 7h30
Vitesse moyenne: 18 km/h
Vitesse max: 52 km/h


Infos vélo: de Morro Branco à Canoa Quebrada
Kilomètres du jour: 85 km, dont 20 sous la pluie
Kilomètres cumulés: 3473
Départ: 7h15
Arrivée: 12h15
Temps sur le vélo: 4h30
Temps sur la route: 5h00
Vitesse moyenne: 19 km/h
Vitesse max: 40 km/h


Je me repose 2 jours à Canoa Quebrada, dans une pousada avec vue sur la mer, le temps de rencontrer Julia, une américaine dont les parents incarnent le rêve américain: débarqués de Russie en 1980 avec $100 en poche, 15 ans plus tard ils ont fait fortune dans l'immobilier et peuvent même faire vivre leur fille sans travailler. Julia, à 46 ans, ne travaille donc plus, à part ses activités d´activiste politique (il y a du boulot aux US), et passe son temps entre New York, Montréal et le reste du monde.

Dans la même pousada, je rencontre également le français Fred, 29 ans. Lui aussi travaille à mi-temps: il est fleuriste pendant 3 mois aux Etats-Unis et gagne assez d´argent pour voyager les 9 autres mois (!). Débrouillard, voyageur, il a traversé le Sahara à 18 ans sans trop s´ensabler, et parle couramment 5 langues. Il profite à fond du système français autant qu´il peut (bourses, ASSEDIC ...) mais ça ne l´empêche pas d´être sympa, généreux et plein d'empathie. C´est une sorte de Robin des Bois moderne: il prend aux riches (les contribuables) pour donner au pauvre (lui). Blague à part, il a une gueule d´Antonio Banderas avec une touche d´Owen Wilson et attire toutes les filles du Brésil. Pour se rendre à Natal, plus au sud, il hésite entre y aller à cheval ou en âne. Un cheval tout équipé coûte, ici, dans les 300 euros ! Lorsque je lui dis que je voyage en vélo, il laisse tomber l´idée du cheval et cours acheter un vélo pour faire le trajet avec moi jusqu´à Natal (1 semaine).

La veille du départ, je me tords la cheville. Je m´écroule au sol et y reste pendant une minute, ne sachant si ma cheville va me porter. En me relevant, je peux marcher, mais j´ai mal.

Le lendemain, j´ai toujours mal, je boîte, mais la cheville n´est pas enflée. En pédalant avec le talon au lieu des orteils (pour éviter les mouvements de la cheville), ça devrait aller. Je tente.


Alors c´est parti ! On commence par rouler sur la plage, à marée basse. Le sable est très dur. Enfin, presque ... Par endroit il commence à sécher et il est beaucoup moins dur, alors parfois je galère un peu, surtout avec mes pneus relativement étroits. Sur le sable, Fred me distance largement avec son vélo, pourri certes, mais à pneus larges, mieux adaptés au sable. Je passe pas mal de temps à marcher à côté du vélo. Sur la route, par contre, Fred n´est plus qu´un petit point loin derrière !




Les jours suivants, on continue notre périple, moitié route, moitié sable, moitié bateau. Il est en effet parfois plus pratique de prendre un bateau pour éviter des dizaines de kilomètres de détours par la route. Ainsi, à Porto do Mangue, on cherche un pécheur qui puisse nous emmener jusqu´à Macau. L´un deux nous prend sur sa frêle barque pour 1h00 de navigation tranquille sur les bras de mer, puis 1h30 épiques dans les vagues de l´océan: on se prend vague sur vague directement dans la tronche, mon sac est trempé et la violence d´une vague a décroché le moteur qui aurait coulé à pic si le pêcheur ne l´avait pas rattrapé in extremis.


Arrivés à Macau, le vent est trop fort (20 à 30 km/h), la nuit ne va pas tarder, alors on décide de s´arrêter pour la nuit, 40 km avant l´étape prévue. La seule pousada aux alentours est un "love motel". Très courants en Amérique Latine, les "love motels" permettent aux couples, légitimes ou pas, de se retrouver dans l´intimité pendant quelques heures. Il est donc assez inhabituel de louer une chambre pour la nuit. C´est pourtant ce que l´on fait, nous donnant ainsi l´occasion de voir ce qu´est un love motel de l´intérieur: garage attenant à la chambre pour pouvoir aller de la voiture à la chambre sans être vu, miroir panoramique aux murs, préservatifs à disposition, et communication avec les patrons via une sorte de "passe-plat", pour ne pas voir les visages, toujours par soucis de discrétion. En plus, ce love motel s'appelle "La Maison d'Amour", en français, sûrement pour faire gagner du romantisme à un lieu qui en manque cruellement.

En partant de Canoa Quebrada, j´ai cassé un rayon, mais je n´ai toujours pas trouvé de réparateur de vélo. La roue, qui n´avait pas souffert depuis mes mésaventures à Cuba, n´a pas l´air de se voiler davantage, alors je décide que le rayon restera cassé pour le moment.

Nous traversons des petits villages où les gens regardent passer la vie tranquillement depuis leur hamac. C´est de plus une région de marais salants, aussi les paysages sont-ils agrémentés de montagnes de sel bien blanc et étincelant.

On longe la mer quasiment en permanence, et on se baigne très souvent durant les pauses !

Ma cheville est encore faiblarde, mais, sauf mouvement brusque, je n´ai plus mal. Ouf ! N´empêche, je me fais vieux. Je m´étais déjà tordu l´autre cheville en canyoning à Merida, Vénézuela, lors d´un saut où j´ai glissé et où il y avait moins de fond que je croyais.


Infos vélo: de Canoa Quebrada à Areia Blanca
Kilomètres du jour: 92 km
Kilomètres cumulés: 3565
Départ: 7h15
Arrivée: 17h45
Temps sur le vélo: 6h45
Temps sur la route: 10h30
Vitesse moyenne: 14 km/h (hé oui, sur le sable, on va moins vite)
Vitesse max: 41 km/h



Infos vélo: d´Areia Blanca à Macau
Kilomètres du jour: 63
Kilomètres cumulés: 3628
Départ: 6h15
Arrivée: 17h00
Temps sur le vélo: 4h30
Temps sur la route: 10h45
Vitesse moyenne: 14 km/h
Vitesse max: 51 km/h



A Galinhas, on trouve une pousada encore en construction. Mais l´une des chambres est relativement prête, et les talents de négociateurs de Fred nous permettent d´y dormir pour 15 Reais. Les autres pousadas sont extrêmement chères: autour de 200 Reais. Par contre, l´une d´entre elles, située sur la plage, fait un buffet pantagruélique pour le petit-déjeuner, à 10 Reais. On passe notre temps là-bas, à se faire bronzer sur les transats. On profite des infrastructures de la pousada de luxe sans l´inconvénient du prix de la chambre !

Infos vélo: de Macau à Galinhas
Kilomètres du jour: 66
Kilomètres cumulés: 3695
Départ: 8h00
Arrivée: 14h30
Temps sur le vélo: 3h50
Temps sur la route: 6h30
Vitesse moyenne: 16 km/h
Vitesse max: 27 km/h

L´étape suivante est courte (moins de 30 km), mais nous décidons de tout faire par la plage. Le début est relativement aisé, nous avançons à 12 km/h et les paysages sont superbes.



Mais cela devient vite épique. Des barres rocheuses nous obligent parfois à rouler dans 10 à 20 cm d´eau de mer. Nous faisons du vélo sous-marin. Il s´agit alors de gérer sa vitesse pour passer lorsque les vagues redescendent. Il faut aussi repérer à l´avance les pierres et les trous pour ne pas rouler dessus une fois que l´eau a recouvert les obstacles. C´est dur mais c´est amusant, et tant que le sable est compact, même sous 20 cm d´eau, on avance.

Une fois, cependant, je suis tombé dans un trou sableux, le vélo perd l´équilibre et mon sac trempe dans l´eau quelques instants avant que je ne rétablisse le vélo en position verticale. Bref, pas mal d´émotions !

Puis sur les 10 derniers kilomètres, le vent forcit pour de bon. 20 à 30 km/h, avec des pointes à 40 km/h. On doit appuyer dur sur les pédales, et on avance à 6 km/h, comme des escargots.

A l´étape, des restaurateurs sympas nous laissent poser nos hamacs sur leur terrasse en front de mer, où l´on passe donc la nuit, bercés par les vagues.


Infos vélo: de Galinhas à Caicara do Norte
Kilomètres du jour: 27
Kilomètres cumulés: 3722
Départ: 9h15
Arrivée: 13h00
Temps sur le vélo: 3h00
Temps sur la route: 3h45
Vitesse moyenne: 9 km/h (tout sur le sable et dans l´eau, avec un gros vent contraire)
Vitesse max: 18 km/h

Comme ces jours-ci on a souvent un fort vent de face, on décide de partir tôt avant que le vent ne se lève. Et avant qu´il ne fasse trop chaud. Réveil 5h00 du matin, départ 5h45.

Ça devrait donc être une étape facile. Pas de vent, pas de chaleur, 64 petits kilomètres. Et surtout, aujourd´hui, on ne fait pas de plage ! Pas de sable, pas de vagues, que de la route ! 64km, ça devrait être facile. Oui, devrait. Sauf imprévu. L´imprévu, c´est que quasiment 30 km de la route, c´est en fait de la piste. Pas de goudron, mais du sable, de la terre, de la boue, des flaques énormes qui barrent la route. Le vélo s´embourbe souvent, et doit alors pousser le vélo, les pieds nus dans la boue. Certaines flaques ont une odeur douteuse, on se demande si des bêtes n´y sont pas passées avant nous ... Une double douche va être nécessaire ce soir !

Heureusement, le paysage est magnifique, alors nos efforts sont récompensés, et puis on rigole de nos aventures épiques !

On se trouve à nouveau une pousada bon marché juste à côté d´une pousada de luxe dans laquelle on prend un petit-déjeuner idoine que l´on fait durer toute la matinée ! Les profiteurs !

Infos vélo: de Caicara do Norte à São Miguel de Gostoso
Kilomètres du jour: 64
Kilomètres cumulés: 3786
Départ: 5h45 !!!!
Arrivée: 12h45
Temps sur le vélo: 4h15
Temps sur la route: 7h00
Vitesse moyenne: 15 km/h


Le lendemain, on se lève avec la pluie. Alors on délaye notre départ. On ne peut pas partir tous les jours à 5h du mat´... L´avantage, c´est qu´il n´y a pas de vent, car le soleil n´a pas eu le temps de chauffer la terre pour créer les vents thermiques.

On croit avoir de la route tout du long, mais non ... Ce n´est que de la piste. Mais c´est beau, et on est quasiment les seuls à passer par là. On passe dans des petits villages absolument pas touristiques, même si la côte est d´une immense beauté. Les touristes Lonely Planet ne s´arrêtent en général qu´à Jericoacoara, Natal et Praia da Pipa. A moins d´avoir son véhicule personnel. Et en vélo, on a le silence, on est entouré par la nature. En moto, il y a le bruit, la moiteur du casque. En voiture, on est emprisonné dans un habitacle aux minuscules fenêtres. Nous on peine sur nos vélos, mais on respire le grand air et on a une vue panoramique.

Et puis on rencontre de sacrés personnages:



On fait du vrai vélo tout-terrain. Roulant sur une piste mi-terreuse, mi-sableuse, le vélo chasse souvent de l´arrière. Parfois la roue avant s´enfonce soudainement dans un banc de sable, stoppant le vélo net. Lorsqu´on a une légère pente avant un banc de sable, on prend de la vitesse en espérant "voler" au dessus du sable et passer de l´autre côté au lieu de perdre de la vitesse et de s´enfoncer comme un âne mort. Dans les virages penchés ou sur la plage, le vélo marche parfois en crabe. Toute une aventure.

L´arrivée à Maracajaú est épique: la nuit tombe, et soudain, la piste d´arrête. On voit des traces de 4x4 continuer dans les dunes, et des poteaux électriques nous assurent de la présence du village de Maracajaú pas loin, mais il faut nous orienter dans les dunes, et le sable est très profond. Pousser les vélos dans les dunes est particulièrement difficile. On envisage un instant de poser nos hamacs ici, mais finalement nous persévérons et arrivons à Maracajaú après un looooong kilomètre de dune et 3 bons derniers kilomètres de piste, dans le noir, sous les étoiles.

Parfois, les fils électriques passent DANS les dunes :

Infos vélo: de São Miguel de Gostoso à Maracajaú.
Kilomètres du jour: 60
Kilomètres cumulés: 3846
Départ: 13h00
Arrivée: 18h30
Temps sur le vélo: 4h20
Temps sur la route: 5h30
Vitesse moyenne: 14 km/h
Vitesse max: 32 km/h

C´est la crise !

A Maracajaù, nous louons les services de 2 pêcheurs, rencontrés sur la plage. Ils nous emmènent au large, sur leur frêle embarcation à voile, faire du snorkeling dans des hauts-fonds cristallins. La navigation dure 2 bonnes heures, et est elle aussi épique. Le vent est faible, on rame la moitié du temps. Et comme le peu de vent qu´on a arrive de face, il faut tirer des bords.

Arrivés sur le récif, ils nous prêtent maques et tubas, et nous sommes libres d´explorer les fonds et les poissons multicolores une bonne partie de l´après midi. La plupart des autres touristes font la traversée en bateau à moteur en 10 minutes et doivent rester 60 minutes maximum dans un "bassin" de 50 mètres carrés, délimité par des lignes d´eau. Les pauvres !

Après cette journée de repos, on remet les voiles pour Ponta Negra, au sud de Natal.

Cette fois-ci, rien à signaler, que de la route le long de jolis paysages, ainsi qu´une boutique de matériaux de construction au nom évocateur:

A Ponta Negra, on est hébergé par Samuel, un membre de Warm Showers, le site de solidarité entre cyclistes !

Natal vu du Golden Gate local:

Infos vélo: de Maracajaú à Ponta Negra.
Kilomètres du jour: 70
Kilomètres cumulés: 3916
Départ: 8h00
Arrivée: 15h00
Temps sur le vélo: 7h00
Temps sur la route: 4h30
Vitesse moyenne: 15 km/h
Vitesse max: 55 km/h

Enfin, dernière étape avant un repos de quelques jours: Praia da Pipa. Que de la route, sauf les 5 derniers kilomètres que l´on a du faire sur la plage, et à marée montante, donc les 2 derniers kilomètres ont été parcourus en poussant le vélo sur le sable trop sec pour pouvoir rouler dessus.

Dernier passage en bac avec Fred:

Infos vélo: de Ponta Negra à Praia da Pipa.
Kilomètres du jour: 53
Kilomètres cumulés: 3970
Départ: 13h20
Arrivée: 17h30
Temps sur le vélo: 3h40
Temps sur la route: 4h10
Vitesse moyenne: 15 km/h

Praia da Pipa est connue pour ses plages où viennent les dauphins à marée basse. C´est donc l´attraction principale. Ma visite à la Praia dos Golfinhos est en effet récompensée par quelques dauphins, à 50 mètres du rivage. Je m´approche à la nage et je vois de temps à autres 2 ou 3 dauphins, à 10 mètres de moi, sortir leur dos bleuté de l´eau l´espace d´un instant. Ils évoluent en cercle autour de moi

Puis je joue avec les énormes vagues. Ou plutôt elles jouent avec moi. De gros tubes. Je suis tout excité par d´aussi grosses vagues. Ce sont les plus grosses vagues que j´aie jamais vu, alors j´en profite pour faire du body-surf (sans planche, juste moi). Mais ce sont de vraies lessiveuses, elles me disloquent dans tous les sens. Mais c´est marrant. Jusqu´à ce que la 4e vague que je prends me disloque vraiment. Une nouvelle contracture musculaire. Au cou. Il faudra que je songe à cesser de jouer à Indiana Jones en permanence si je veux rentrer entier.

Je reste 3 jours le temps de me détendre les muscles du cou et des omoplates. J´en profite aussi pour faire une grande lessive, recoudre maillot, jean´s et caleçons qui commencent à se faire vieux, et nettoyer à la main mon sac à dos, qui, au bout de 6 mois, ressemble plus à un sac poubelle qu´à un sac à dos.

Je fais remettre mon vélo à neuf aussi: câble de dérailleur changé, rayon cassé changé, dérailleurs réglé au millimètre. Le gars fait aussi un miracle pour dévoiler ma roue: même le voile que je croyais définitif, car inhérent à un endommagement structurel de la jante (depuis Cuba), même ce voile il me l´a réparé !

Mon cou se détend, mes chevilles me font moins souffrir, des entailles que j´ai au pied se referment, ma crevasse à la lèvre aussi.

C´est donc en homme neuf que je reprends la route vers Salvador de Bahia ! Je suis à nouveau seul, mais je commence à me débrouiller mieux en portugais.